Shining ou L'enfant lumière (1980)


Un enfant surdoué et médium confronté aux fantômes du passé. Des fantômes qui hantent l'immense hôtel de l'Overlook, perdu au sommet d'une montagne. Un endroit maudit (construit sur un ancien cimetière indien) et inaccessible en plein hiver.

Impossible de ne pas être touché par Danny dont le pouvoir (qu'on appelle le "shining") réveille des forces maléfiques prêtes à tout pour s'emparer de son don. Plus précisément, utiliser Jack Torrence, le père, ex-alcoolique mais fortement enclin à replonger dans le vice.

L'ambiance est au cauchemar : un suspens insoutenable (cardiaque s'abstenir), une musique extraordinaire mais cauchemardesque, des prises de vue complètement Kubrickienne à vous couper le souffle. En effet, celui-ci nous surprend par son originalité et nous démontre cette fois que l'horreur peut naître au sein même de paysages immaculés, en plein jour sous une lumière aveuglante. Quel talent !

Danny et Wendy Torrence vont-il pouvoir s'en sortir, seuls, loins de tout et face à la folie démesurée et meurtrière d'un père et mari qui n'a plus rien d'humain ?

Un film à conseiller aux amateurs d'émotions fortes qui pourront ainsi découvrir un Jack Nicholson au meilleur de sa forme, interpréter un personnage terrifiant et totalement hallucinant. Il s'agit sans doute du rôle qui allait déterminer toute sa carrière future.


Kubrick le maître incontesté du cinéma, face à King, un des écrivains le plus apprécié de cette fin de siècle. Un résultat époustouflant.


A mesure que l'hiver se referme sur sa famille isolée dans un hôtel du Colorado, Jack Nicholson se transforme en psychopathe dément.

"C'était aussi dans cette salle que s'élevait... une gigantesque horloge d'ébène. Son pendule se balançait avec un tic-tac sourd, lourd, monotone ; et quand l'aiguille des minutes avait fait le circuit du cadran et que l'heure allait sonner, il s'élevait des poumons d'airain de la machine un son clair, éclatant, profond et excessivement musical, mais d'une note si particulière et d'une énergie telle que, d'heure en heure, les musiciens de l'orchestre étaient contraints d'interrompre un instant leurs accords pour écouter la musique de l'heure ; les valseurs alors cessaient forcément leurs évolutions ; un trouble momentané courait dans toute la joyeuse compagnie ; et, tant que vibrait le carillon, on remarquait que les plus fous devenaient pâles, et que les plus âgés et les plus rassis passaient leurs mains sur leurs fronts, comme dans une méditation ou une rêverie délirante. Mais quand l'écho s'était tout à fait évanoui, une légère hilarité circulait par toute l'assemblée ; les musiciens s'entre-regardaient et souriaient de leurs nerfs et de leur folie, et se juraient tout bas, les uns aux autres, que la prochaine sonnerie ne produirait pas en eux la même émotion ; et puis, après la fuite des soixante minutes... arrivait une nouvelle sonnerie de la fatale horloge, et c'était le même trouble, le même frisson, les mêmes rêveries.

Mais en dépit de tout cela, c'était une joyeuse et magnifique orgie..."

E. A. POE. - Le Masque de la mort rouge.
(Traduction de Ch. Baudelaire.)