EN DIRECT DE LA GAFFE


PROCES-VERBAL

Nous soussignés, Lontarin, Joseph, Brigadier, et Lebeausul, François, agent de police, signalons les faits suivants : ce jour, vers 15 heures 33, circulant à bord de bicyclettes de modèle réglementaire, notre attention fut attirée par le manège d'un particulier sis au milieu de la voie carrossable et constituant un danger pour la circulation.

Interpellant l'individu, qui tenait à la main les extrémités de deux cordelettes d'un diamètre approximatif de quatre millimètres, reliées à des fenêtres situées au sixième étage de deux immeubles riverains et opposés à l'artère susdite, nous apprîmes qu'il se nommait Lagaffe, Gaston, employé de bureau. Il nous donna comme motif de son attitude que, souhaitant relier par une ficelle la fenêtre de son bureau et celle de l'immeuble d'en face, il avait demandé à un complice de laisser pendre le bout d'une moitié de la ficelle sur le sol, tandis que l'autre bout émanait de son propre bureau. Le suspect ajouta qu'il allait rapidement nouer les deux bouts de la ficelle et que "ce serait fini".

Le Brigadier intima au contrevenant l'ordre d'évacuer la voie carrossable le plus rapidement possible après l'exécution de son projet et l'avertit de ce qu'il reviendrait en personne après quelques minutes, afin de vérifier si l'ordre public n'était plus troublé par des piétons stationnant sur la chaussée normalement réservée aux véhicules.

Nous (poursuivâmes) (poursuivirent) avons poursuivi notre tournée, et après un intervalle de quelques minutes, notre parcours repassant par la même rue, nous avons constaté qu'effectivement le sieur Lagaffe avait quitté les lieux. Toutefois au moment où le Brigadier Lontarin passait avec sa bicyclette sur la ficelle qui était toujours sur le sol et se dirigeait vers les fenêtres ci-dessus, celle-ci se tendit brutalement, et la bicyclette portant le Brigadier s'éleva jusqu'à une hauteur évaluée à quatre mètres. Parvenant à garder son équilibre et son sang-froid, le Brigadier se maintint en selle le temps suffisant pour donner à l'individu qui tendait inopportunément la ficelle l'ordre de redescendre de sa périlleuse position. Malheureusement, la solidité de la ficelle ne fut pas suffisante pour permettre l'exécution de cette directive, et celle-ci se rompit en son milieu, projetant sur le sol le Brigadier et son véhicule.

Aidé par de bons réflexes, le Brigadier atterrit sans dommage apparent, mais il se fera toutefois examiner par un médecin qualifié pour juger de la gravité de ses contusions ; toutefois il n'en est pas de même de la bicyclette, dont les roues ont été complètement voilées sous le choc. Le sieur Lagaffe, Gaston, a reconnu être l'auteur de la traction sur la cordelette en ces termes : "M'enfin ! Vous êtes bête, vous, de casser ma ficelle avec votre vélo quand je tire dessus !"

Lecture faite, persiste et signe,
(Illisible).




Notre collaborateur Gaston, dont vous connaissez l'esprit inventif, a mis au point un ingénieux appareil qui permet de se raser, tandis qu'on moud le café. Il s'agit en effet d'un petit moteur électrique auquel est adaptée, à une extrémité, une tête de rasoir électrique rotatif, tandis que l'autre extrémité comporte un moulin à café. L'ensemble ne pèse pas plus de huit kilos.

Gaston a eu un mot malheureux en présentant à Fantasio une tasse du breuvage obtenu après expérimentation de l'appareil :

- Tu sais, Fantasio, avec ma nouvelle machine, ce café, il est au poil !




M. Boulier, dont la tâche est de veiller à la ponctualité du personnel, a eu ce matin un sourire ironique lorsque Gaston a expliqué son retard en commençant par :

- Ben, voilà, pour arriver plus tôt, j'avais pris ma voiture...




PASSIONNANT ENREGISTREMENT

Notre collaborateur Prunelle, qui étrennait son nouveau magnétophone a pu ramener un document sonore d'une grande valeur : la retranscription de la conversation entre M. Boulier, comptable et responsable de la ponctualité dans les services, et Gaston, arrivant à son heure coutumière. Voici ce document :

- Alors, Monsieur Lagaffe ? Vous voilà déjà ?

- Ah ! C'est vous, Monsieur Boulier ?... Vous... euh... vous m'attendiez ?

- Monsieur Lagaffe, je dois vous rappeler une fois de plus les horaires de travail dans notre maison. Votre journée de travail, Monsieur Lagaffe, commence le matin précisément à...

- Ouais, mais ce n'est pas ma faute... Je me suis couché très tard... Travaillé presque toute la nuit pour réparer mon réveille-matin...

- Hmpf ? Et dites-moi, qu'est-ce que vous tenez là à la main ? Hmmm ?

- ...

- Alors ? J'attends !

- Mmma Mmman mmm'a mtoujours mdit... mpas mparler mmen mmmangeant... Glp !

- Eh bien, je vais vous le dire, Monsieur Lagaffe, ce que vous tenez là à la main, c'est une tasse de café, Monsieur Lagaffe ! Et j'attends une explication au sujet de cet objet incongru, Monsieur Lagaffe !

- Il était trop chaud quand je suis parti... Et moi, il me faut mon café le matin ; c'est ça qui me donne du NERF, à moi !

- Et pourquoi vous présentez-vous si tard aux locaux de travail, je vous prie ?

- Boah ! Vous croyez que c'est facile, vous, de courir avec une tasse en main ?

- Parfait ! De mieux en mieux ! De sorte que votre imprévoyance vous fait arriver avec un retard de... Attendez, je sors ma montre... Un retard d'exactement...
plouf

- Ma montre ! Vous l'avez fait tomber dans cette stupide tasse !

- M'enfin ! Mon bon café !

- Suivez-moi ! Nous allons voir si votre chef de service admettra cette fantaisie !

(Voix irritées s'éloignant. Fin de l'enregistrement.)




LES BONNES RECETTES

L'omelette au chocolat granulé ne nécessite que peu d'ingrédients : deux oeufs, frais de préférence, du sel, du poivre et cinquante grammes de chocolat granulé. Battez les oeufs, après les avoir débarrassés de leur coquille, et ajoutez sel et poivre. Versez dans une poêle graissée et ajoutez immédiatement le chocolat. Quand l'omelette est brun-jaune, elle est à point. On peut même la faire flamber au rhum. Il est toutefois peu indiqué de remplacer, comme l'a fait Gaston par inadvertance, le rhum par du détachant inflammable, en gardant la bouteille très près de la flamme. C'est en tout cas ce que nous signale Monsieur Alphonse Beaucoudeau, Capitaine des Pompiers.


UN MOT MALHEUREUX

Le capitaine Beaucoudeau, chef des pompiers, a rendu visite à nos bureaux, "car, a-t-il dit, les foyers probables d'incendie doivent être fréquemment vérifiés." A l'occasion du début de l'année, il avait revêtu son nouvel uniforme, ce qui a fait dire à Gaston que le Capitaine était pimpant, pimpant, pimpant, pimpant...

Le Capitaine Beaucoudeau s'est fâché. Tout rouge.

AVIS

Il est rappelé au personnel que toute arrivée tardive doit faire l'objet d'une autorisation préalable du chef de service.

(signé:) J. BOULIER, Comptable.

Note : C'est malin, ça ! Alors, il faut arriver plus tôt pour dire qu'on sera en retard !

(signé :) Gaston.




AVIS

Les membres du personnel qui ont des espadrilles pleines de boue sont priés de s'essuyer les pieds au paillasson prévu à cet effet avant de salir les couloirs propres et de donner du travail au concierge, qui a autre chose à faire.

(signé) : Soutier Jules
concierge.

NOTE. Au lieu d'écrire de bêtes avis, le concierge ferait mieux de nettoyer. Il fait dégoûtant ici.

(signé) : Gaston.